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mercredi 30 mars 2011

YANN LE CROUHENNEC : - temps d'exposition - time exposure -





































































































Rien ne nous empêche d'avoir la nostalgie du présent. Les photographies prises à l'aide d'un téléphone, ou par webcam, brouillées par les pixels, possèdent ce charme témoin de notre époque. De même, La texture usée, palie, piquée, des photographies anciennes fait partie intégrante de l'image, elle participe à son charme et atteste leur authenticité.

Cette mémoire latente confrontée à une mémoire vive rappelle que le présent est fugace, que rien n'est fixe, que le monde est en mutation perpétuelle et que les images figées que l'on peut en prendre ou conserver sont par essence mensongères, illusoires, fictives. 



































Une photographie nous parle autant de celui qui la regarde que de l'instant qu'elle a artificiellement fixé. Celui qui se penche sur l'image est vivant, il l'explore, il l'habite de ses souvenirs, de sa perception, de sa propre fiction. On ne se voit pas. on s'aperçoit, au détour d'un miroir ou d'une photographie prise à notre insu. On se découvre. Cette banalité offerte à n'importe quel inconnu qui nous croise, nous n'y avons pas accès si ce n'est au détour d'une image et elle reste une image. La fiction que l'on invente en voyant ces photos d'inconnus, est le miroir de celle que l'on développe vis à vis de soi. Nous habitons le monde mais n'avons accès qu'à ses reflets. C'est le propre de la vision d'être le reflet de la lumière sur les volumes, reflet que nous captons, projeté sur la rétine ou le capteur sensible de l'appareil photographique. 














Ces images, une fois exposées en extérieur font partie du patrimoine, elles appartiennent à quiconque les regarde, s'y projette, s'en interroge et en gardera trace en mémoire. Ces photographies anciennes, de la sphère intime dans laquelle bientôt plus personne ne pourra se reconnaître ou être reconnu, sont projetées dans le champs publique le temps d'une exposition. un temps de pose pour cette mémoire collective qui seule peut garder vivante l'illusion de la durée.


































































































































































Fernande à déménagé après guerre avec un enfant né en 1942 dont le père n'a jamais connu l'existence. c'était socialement dure à vivre à l'époque. Elle a épousé Martial qui avait déja 4 enfants d'un premier mariage. Elle a alors vécu à Beauvoir et donné naissance à 5 autres enfants. Elle s'est retrouvée veuve et s'est remariée à André avec qui elle vit depuis le début des années 60. 

Certains indices permettent de dater approximativement les photographies. Cependant un doute subsiste souvent, de même que pour les lieux. Toutes les fermes se ressemblent, surtout lorsqu'on n'en voit qu'une partie sur une photographie jaunie d'un tirage piqué, pali, voire presque effacée par le temps et les aléas.
Les enfants qui y figurent, sont devenus des personnes agées qui pourraient être nos grand mères oncles et tantes directes ou par alliance. Parfois même, comme sur certaines photographies de groupe suffisamment anciennes, presque effacées par la lumière, plus aucun survivant ne figure et l'on peut à juste titre imaginer que de même que leur image tend à disparaître du papier, leur souvenir s'efface des mémoires.

 La photographie à détrôné en son temps le portrait peint dont le rôle était de fixer au temps de sa splendeur, en tenue d'apparat l'image de la réussite, sauvant ainsi l'image du modèle de la décrépitude. La prise de vue photographique à démocratisé ce phénomène, aujourd'hui en pleine mutation avec l'avènement du numérique et des smartphones, photographie à tendance auto-promotionnelle à jeter sur la toile. 

En plus du trouble que l'idée du temps qui passe nous procure, l'aspect anonyme de ces images brouillées presque complètement effacées pour certaines, qui nous arrivent du fond des âges (disons un ou deux siecles, en tout cas au moins un demi) possèdent un charme certain: couleurs sépia ou gris palis, papier jaunis, bords découpés à l'emporte-pièce etc. par la suite, dès la fin des années 60 les photographies aux couleurs mal fixées des Instamatiques clic-clac Kodak offrent de magnifiques abérations colorées. De même les photographies par téléphone, ou par webcam brouillés par les pixels possèdent ce charme témoins d'une époque: Rien ne nous empêche d'avoir la nostalgie du présent. 
Une mémoire latente confrontée à une mémoire vive rappelle que le présent est fugace, que rien n'est fixe, que le monde est en mutation perpétuelle et que les images figées que l'on peut en prendre ou conserver sont par essence mensongères, illusoires, fictives. 

Une photographie nous parle autant de celui qui la regarde que de l'instant qu'elle a artificiellement fixé. Celui qui se penche sur l'image est vivant, il l'explore, il l'habite de ses souvenirs, de sa perception, de sa propre fiction. On ne se voit pas. on s'aperçoit, au détour d'un miroir ou d'une photographie prise à notre insu. On se découvre. Cette banalité offerte à n'importe quel inconnu qui nous croise, nous n'y avons pas accès si ce n'est au détour d'une image et elle reste une image. La fiction que l'on invente en voyant ces photos d'inconnus, est le miroir de celle que l'on développe vis à vis de soi. Nous habitons le monde mais n'avons accès qu'à ses reflets. 
C'est le propre de la vision d'être le reflet de la lumière sur les volumes, reflet que nous captons, qui s'inscrivent par la rétine ou le capteur sensible de l'appareil photographique.  

Ces images, une fois exposées en extérieur sont par essence patrimoniales, elles appartiennent à quiconque les regarde, s'y projette, s'en interroge et en gardera trace en mémoire. De la sphère intime dans laquelle bientôt plus personne ne pourra les reconnaître ou les nommer, elles arrivent dans le champs publique le temps d'une exposition. un temps de pose pour cette mémoire collective qui seule peut garder vivante l'illusion de la durée.

Une caractéristique de ce travail est la soumission du photographe à l'image, que cela soit une image qu'il a prise lui-même en tant qu'opérateur ou une image qu'il choisit dans des archives privées ou publiques. Travail de restaurateur dévoilant une image parfois insignifiante, souvent à peine lisible, minuscule, lui redonnant contraste, luminosité, la mettant ainsi en lumière. La maîtrise technique ainsi que la glorification de l'ego sont peu importantes dans ce travail. le photographe utilise son regard mais ne crée rien ex nihilo, il utilise des instruments de captation du réel et les images qui en résultent, il travaille plus par ce qu'il ne montre pas, ce qu'il choisit de ne pas montrer que par ce qu'il capte volontairement. L'assemblage des images, leur recadrage, leur choix, voici ce que son regard lui impose. Il découvre une fugace image du monde au même titre que le voyageur qui regarde vraiment le monde directement et non dans le viseur de son appareil. Et elle ne vaut que par ce qui l'entoure et n'y figure pas: le hors-champs, le monde, le regard, la vie.









CONTACT: Yann Le Crouhennec  www.ylc-ylc.com